TRTFF, WHAT CAN U DO TO MAKE YOU LOVE ME?

Trtff s’ouvre sur un cafouillage orchestré : aucun des cinq personnages qui viennent d’entrer en scène ne semble parvenir à achever une phrase ou à finir les gestes qu’ils ont entamés. Comme soumis à une même peur, ils se lancent alors dans un ballet de justifications, tentant l’un après l’autre d’expliquer pourquoi ils ne trouvent pas leurs marques, surenchérissant jusqu’à créer un climat de compétition aussi absurde que désespéré. La scène semble familière ? C’est que vous l’avez sans doute déjà rêvée (voire vécue). En s’attaquant au fameux cauchemar de l’examen raté, (la) Stomach Company donne à voir ce sentiment douloureux de ne jamais être à la hauteur dans un monde qui exhorte chacun à se vendre constamment. Cette angoisse, la compagnie la donne aussi à vivre, dans un savant jeu de retournement qui prend le public à son propre piège. Avec humour et tendresse Trtff fissure le mur entre les regardants et les regardés. Mettant tout le monde à égalité, elle dessine la possibilité d’une catharsis collective.