Mon corps parle tout seul

C’est une bouche immense flottant dans l’espace comme une hallucination. Une bouche humaine, vivante, car douée de souffle et qui, bien sûr, parle. Évoquant par moments les créatures hybrides improbables dont regorgent les romans de Philip K. Dick, cette installation est le fruit de la rencontre entre Daniel Jeanneteau et le compositeur italien Daniele Ghisi. Il s’agissait à l’origine de réaliser dans le cadre de l’Ircam une création musicale à partir de la voix humaine. Très vite les deux artistes en sont venus à concevoir une composition en trois dimensions conjuguant, à partir d’un texte commandé à Yoann Thommerel, plasticité sonore et visuelle. La voix, incarnée par le mouvement des lèvres, subit toutes sortes de transformations comme si elle était progressivement envahie par des sonorités issues d’un autre monde.

De fait, la dimension charnelle de cette bouche sensuelle dépourvue de tout corps prend, selon les moments, un aspect mythique ou ironique. L’ensemble constitue un objet complexe, drôle et inquiétant, en perpétuelle mutation.